Biographie
Diplômée de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles en 2005, et photographe auteure indépendante, la pratique photographique d’Elsa Beaumont s'inscrit dans une approche documentaire et sociale. Ses projets au long cours consistent, via la réalisation de portraits en couleur, à mettre en avant les personnes exclues ou marginalisées dans notre société. En croisant regard social et artistique, ses photographies cherchent à décloisonner les représentations et à dépasser les préjugés.
Présentation
Depuis trente-six ans, une grande bâtisse cévenole située dans le Gard appelée « Maison de Dieu », accueille des personnes sans domicile ou souhaitant vivre en communauté. Aujourd'hui, quatre-vingt résidents d’âges et origines différents y séjournent. Les fondateurs, d'anciens routards, ont créé ce lieu avec la volonté qu'il soit ouvert à tous. Pour y vivre, quatre règles sont à respecter ; le partage des ressources, la participation aux tâches collectives, la présence aux réunions quotidiennes et la pratique du non jugement.
Les personnes qui vivent ici sont animées d'une force de vie construite en marge de notre société et de ses tendance à exclure ou à mettre à l'écart. Ce lieu accueille une grande diversité de parcours de vie et de blessures portées, ce qui fait de cette maison un abri, un refuge, un espace de liberté où chacun peut prendre le temps de se rétablir, de faire une pause, d'aller à son rythme, et ainsi de s'accorder une forme de renouveau.
Ces photographies sont autant de preuves tangibles de l’existence, de la force et des ressources intrinsèques de chaque personne rencontrée. Elles cherchent à saisir des êtres en suspension, entiers, malgré les vicissitudes de la vie. La présence de la nature environnante, débordante et indomptable dialogue avec les corps, l'un nourrit l'autre. On est à la lisière, dans un espace entre deux, entre le clair et l'obscur, renforcé par la présence imposante et parfois obscure de la maison où entrent des rais de lumière, révélant certains détails, certaines zones, tels des éléments témoins d'une intimité retrouvée dans un espace de vie partagé. Il est impossible de tout voir, comme il est impossible de tout révéler de ces personnes bien souvent réfractaires à la photographie. Je cherche ainsi les signes d'une ouverture, d'un accord tacite dans un environnement complexe et fragile. Les photographies ne font que suggérer laissant au spectateur sa part de liberté à imaginer et questionner son propre regard.