PASCALE PEYRET

China

Biographie

Après des études d'histoire de l'art, Pascale Peyret devient styliste d'objet. Depuis 2003, elle développe un travail au sténopé. Ses photographies ont été publiées dans Le Monde 2, Images Magazine, Technik'art... Sa série consacrée à l'écologie industrielle, parue dans Le Monde 2 (n° 216), a été récompensée aux "International Photography Awards 2008" dans la catégorie Editorial/Environnement.

Présentation

Pascale Peyret s'est rendue en Chine avec dans ses bagages un sténopé rudimentaire en guise de carnet de voyage. Invitée à la Biennale Internationale de Guangzhou en mai 2007, elle poursuit ensuite son chemin vers Shanhaï, Pékin, Lijang et Shuming. Les temps de pose très longs inscrivent sur la pellicule des petites scènes étranges : les statuettes s'animent, l'espace se dilate, les rapports d'échelle se bousculent, les presse-papiers à l'effigie de Mao deviennent monuments...

Cette série qui ne montre aucun des habitants ni des paysages de la Chine, mais seulement quelques-unes des innombrables figurines qui la peuplent silencieusement, évoque pourtant ce pays avec une acuité particulière. Cette série si peu documentaire vient peut-être toucher à ce qu'elle ne documente pas, mais saisit dans la complexité d'un ressenti, d'une sensation diffuse. Est-ce le trouble quant à l'échelle réelle des personnages qui évoque ici la négation de l'individu opérée par un régime ayant érigé le collectif en valeur suprême ? Est-ce la répétition de l'identique et de l'immobile qui évoque à elle seul la longue dérive totalitaire qu'a subi la Chine ? Est-ce encore la sexualité exhibée ou latente de certaines des figurines qui vient, comme en un retour du refoulé collectif, témoigner silencieusement du moralisme autoritaire et hypocrite du régime ? La femme brutalisée par des hommes peints en rouge (des gardes rouges ?), qui n'est pas un bibelot anonyme, mais une création à vocation artistique des Frères Gao, serait alors l'une des clés d'un dispositif minimaliste où reposerait, derrière les masques figés ou souriants, quelque chose des ambigüités et des tensions à l'oeuvre dans la société chinoise post-communiste.