Carte blanche 2010

Qui sont-elles, ces jeunes femmes issues de l’immigration, et dont les familles vivent en France depuis une, deux ou trois générations? Elles-mêmes, bien sûr... Elles sont aussi « les nouveaux visages de l’Europe », nous rappelle Ilse Frech, photographe néerlandaise partie à leur rencontre. 

Ilse Frech : « Je voulais la voir de mes propres yeux, cette jeune femme d’origine musulmane qui vit en banlieue, libérée du cliché dessiné par les médias. (...) Cherchant mon chemin dans les cités, parmi les immeubles et les tours, et parcourant la périphérie de Paris, du nord au sud, d’est en ouest, je sentais sa présence presque en moi-même, et son univers prenait une couleur de plus en plus singulière ». 

Pendant trois ans, de 2005 à 2008, elle a établi des contacts parfois difficiles, parfois intenses et proches, avec plusieurs dizaines de jeunes femmes, puis les a photographiées et suivies dans toute l’Ile-de-France. Sortant du cadre traditionnel de la culture et de la religion, elles témoignent d’une lutte qui prend forme lentement et discrètement. Khadidja, 25 ans, résidant à Melun : « Non, pour moi le mot d’intégration n’existe même pas... Je vis dans cette société, en tant que femme musulmane, et je suis ce que je suis ! ». 

L’exposition et la publication ont été réalisées avec le soutien de l’Institut Néerlandais de Paris, de la Mondriaan Foundation, de la Fondation pour les Arts plastiques, l’Architecture et le Design (Fonds BKVB), de la Fondation Sem Presser Archief et de la Fondation Média et Démocratie.