Présentation
À l’extrême Est du Canada, la grande île de Terre-Neuve (Newfoundland) est un vaste territoire peu peuplé encore sauvage sur l’intérieur et la côte sud. Sur cette côte déchiquetée de 250 km, de Port aux Basques à Harbour Breton, dont les noms rappellent la présence forte des pêcheurs français dans la région au XIX° siècle, quelques villages résistent à la pression du gouvernement canadien qui souhaiterait voir leurs habitants rejoindre les quelques grandes villes reliées par la route. Les villages de Mc Callum, Grand Bruit ou Rencontre East, blottis dans leurs petites baies, ne peuvent être ravitaillés que par la mer. Maintenir ces villages en vie a un coût dont la province se passerai bien. Aucune route ne s’aventure à l’intérieur de cette nature hostile et escarpée, quant au bateau, plus d’une fois, il doit retarder ou annuler la rotation hebdomadaire tant la météo peu s’avérer capricieuse dans la région.
Si quelques projets d’aquaculture ont permis à plusieurs villages de survivre et de garder des familles en place, il est difficile pour les autres de maintenir une activité régulière depuis que la pêche artisanale est fortement réglementée. L’océan, qui pendant des siècles leur a apporté de quoi survivre dans ces conditions très dures, leur est à présent interdit. L’isolement et l’ennui transpirent des outport, mais quelques irréductibles s’accrochent encore à cette vie si particulière, si “paisible” loin du fourmillement des villes. Le vent seul anime les rues désertes des villages en sursit.
Shima signifie île dans la langue japonaise. Ce mot est particulièrement polysémique, il décris également les notions de “communauté villageoise”, “jardin”, “lieu d'exil” ou “territoire”. Shima symbolise bien le lien qui cimente le travail de Teddy. La mondialisation réduit à présent les frontières qui séparent encore les “insulaires” du reste du monde. Pourtant, l'isolement qu'il soit géographique, social ou culturel façonne encore des caractères fort.
Paradis perdu ou enfer concentrationnaire, ce dilemme déchire le cœur des insulaires qui peuvent être tentés par les sirènes du “monde réel”.