DIETER DE LATHAUWER

Belgique

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I loved my wife

Biographie

Né en 1978 Dieter de Lathauwer est diplômé de l’Académie des Arts de Gand en Belgique. Depuis 2012 il remporte plusieurs prix dont : Bozar Photography (Summer of photography), DocField Dummy Award, Barcelone (mention), Kassel Photobook (Sélection Expert). Son travail est essentiellement exposé en Belgique. Il participe cependant à deux expositions de groupe à l’étranger, au Japon au Musée d’Art Contemporain de Kanazawa et à Photo London à Londres. Il est membre du collectif “Photolimits“

Présentation

Cette exposition pose la question du statut et de la valeur de l’humain lorsqu’il est résumé à son utilité et à son coût social. Elle pose également la question du pouvoir de manipulation des images de propagande. L’exposition traite de l’élimination de patients considérés comme physiquement et mentalement incurables, enfants ou adultes, entre 1939 et 1941. Ces meurtres, appelés « meurtres par compassion » ou « euthanasies », ont précédé et annoncé l’Holocauste. De façon structurée et méthodique, plus de 70 000 patients ont ainsi été éliminés en Autriche. Considérés comme inutiles à la société, ils ne devaient pas faire peser la moindre charge sur celle-ci. En 1941, Hitler ordonna l’arrêt du programme sous la pression de l’opinion publique allemande, mais les institutions décidèrent de le poursuivre malgré tout. Seules quelques-unes des personnes responsables seront finalement jugées par les tribunaux.

«Je me suis rendu en Autriche et j’ai pris des photos de ces centres de soin et institutions psychiatriques. J’ai combiné ces photographies in situ avec des clichés de films de propagande nazis sur l’euthanasie, des montages photographiques et quelques images d’objets historiques». Les montages montrent les visages de responsables de ces meurtres, dont certains traits ont été remplacés par des traits de « visages parfaits » tels qu’on en trouve dans Google pour illustrer les pratiques eugénistes.
Toutes les images sont à lectures multiples. Même quand les photos sont authentiques, plusieurs interprétations sont toujours possibles.
L’aspect du livre évoque un dossier médical. Il est composé d’un dossier rose à deux rabats et contient un petit livret avec trois essais, ainsi qu’une carte. La couverture de chaque dossier est marquée d’une croix rouge faite à la main, comme le pratiquaient les médecins lorsqu’ils jugeaient un patient incurable et promis à l’élimination. Le livret est imprimé sur du papier fin, avec une petite taille de police d’impression, à l’imitation d’une brochure médicale.

Le titre est tiré d’un dialogue de film de propagande de 1941 dans lequel un homme accusé d’euthanasie sur sa femme passe en jugement. Il se lève et dit « j’aimais ma femme » alors que le sous-texte du film laisse entendre « j’aimais ma femme, mais son élimination était la seule chose à faire dans l’intérêt de la Nation ». Cet épisode peut ainsi être perçu, dans le même temps, comme l’illustration d’un drame familial et comme l’acceptation de la politique eugéniste nazie.

Ce projet rassemble plusieurs de mes centres d’intérêt photographiques : l’exploration de lieux à partir de points aveugles sociaux et historiques ; la façon dont les gens comprennent les photographies dans leur environnement, et le livre photo comme objet».